mardi 16 novembre 2010

LE PEUPLE DE SABA ET L'INONDATION D'ARIM

Il y a quelques siècles de cela, la communauté de Saba faisait partie des quatre plus grandes civilisations de l'Arabie du Sud.

Les ruines du Temple de Ma'rib
Les sources historiques relatives au peuple de Saba indiquent habituellement que ce peuple a été le vecteur d'une véritable civilisation, à l'instar des Phéniciens, et qu'il pratiquait beaucoup le commerce. Les historiens reconnaissent que les Sabéens ont atteint un certain degré de civilisation et de culture, comme en témoignent les termes "restaurer", "consacrer" et "construire" fréquemment employés par les dirigeants de Saba. Le barrage de Ma'rib, l'un des édifices les plus importants construits par ce peuple, démontre clairement le niveau technologique qu'ils possédaient.
L'Etat sabéen était en mesure d'adopter une politique expansionniste, grâce à son armée, l'une des plus puissantes de la région. Doté d'une culture et d'une armée prépondérantes, l'Etat sabéen était certainement l'une des "superpuissances" régionales de l'époque. L'extraordinaire puissance de l'armée de l'Etat sabéen est également décrite dans le Coran. Une déclaration des commandants de l'armée sabéenne, mentionnée dans le noble livre, montre le degré de confiance qui régnait au sein de cette armée. Ils avaient en effet déclaré:
… Nous sommes dotés d'une grande force et d'une puissance redoutable et c'est à toi qu'appartient le commandement. Vois toi-même ce que tu vas ordonner. (Coran, 27 : 33)
Grâce au barrage de Ma'rib construit avec une technologie plutôt avancée pour cette époque, le peuple de Saba possédait une grande capacité d'irrigation. La fertilité du sol résultant de l'application de cette technique et le contrôle exercé par les Sabéens sur les pistes caravanières, leur permit de mener une vie confortable, emplie de bien-être. Pourtant, au lieu de remercier Dieu pour tous ces bienfaits, le Coran nous informe qu' "ils se détournèrent [de Dieu]". De plus, ils refusèrent de tenir compte des avertissements et des rappels qui leur avaient été faits. En raison de leurs faibles valeurs morales, ils ont mérité le châtiment de Dieu : leurs barrages s'effondrèrent et l'inondation d'Arim détruisit toutes leurs terres.
La capitale de l'Etat sabéen, Ma'rib, jouissait d'une grande opulence grâce à son emplacement géographique. Cette cité était située aux abords du fleuve Adhanah. Et l'endroit où le fleuve rejoignait le Mont Balaq était très propice à la construction d'un barrage. Exploitant cette topographie favorable, les Sabéens y construisirent un barrage dès le début de leur installation dans la région, et commencèrent à pratiquer l'irrigation. Ils atteignirent après cela un degré de prospérité véritablement élevé. Et Ma'rib fut l'une des cités les plus développées de l'époque. Pline, un écrivain grec, avait visité cette contrée et avait décrit sa prospérité en termes très élogieux et avait témoigné du paysage verdoyant caractérisant cette partie de l'Arabie.246
Le barrage de Ma'rib mesurait 16 m de haut, 60 m de large et 620 m de long. Selon les estimations, il permettait d'irriguer une zone de 9.600 hectares, dont 5.300 situés sur la plaine du sud et le restant appartenant à la plaine du nord. Les inscriptions sabéennes mentionnent ces deux plaines sous le nom de "Ma'rib et les deux plaines" dans les inscriptions sabéennes.247 La formulation du Coran, "les deux jardins, l'un à droite et l'autre à gauche" (Coran, 34 : 15) désigne probablement les jardins imposants et les vignobles appartenant à ces deux vallées. Grâce à ce barrage et à son système d'irrigation, la région fut réputée pour être la plus florissante et la mieux irriguée du Yémen. Le Français J. Holevy et l'Autrichien Glaser ont prouvé à partir de documents écrits que le barrage de Ma'rib existait depuis une époque fort reculée. En effet, des inscriptions rédigées dans le dialecte Himer établissent que ce barrage a rendu la région environnante très productive et qu'il en constituait le coeur économique.
L'effondrement du barrage en l'an 542 eut pour conséquence l'inondation d'Arim à l'origine d'énormes pertes. Les centaines d'années de labeur des Sabéens disparurent soudain avec la destruction de vignobles, de vergers et de terres cultivées. Il semble que suite à cet événement, le peuple sabéen entra rapidement dans une phase de récession, et de déclin résultant dans la disparition de l'Etat sabéen.
Lorsque nous examinons le Coran à la lumière des découvertes évoquées précédemment, nous constatons qu'il existe une réelle concordance entre les données historiques et les faits rapportés par le livre sacré. Les découvertes archéologiques et les données historiques corroborent les informations rapportées par le Coran. Les versets rappellent que le peuple de Saba a été détruit suite à une terrible inondation pour n'avoir pas écouté les exhortations faites par leur prophète et pour avoir rejeté la religion. Cette inondation est décrite ainsi dans le Coran :
La tribu de Saba' avait pourtant un signe dans son territoire, en l'occurrence deux jardins situés à droite et à gauche [de celui-ci]. "Mangez de ce dont votre Seigneur vous gratifie et témoignez-Lui votre gratitude : [pour] ce pays si agréable et [pour] un Seigneur accordant volontiers Son pardon." Ils se détournèrent néanmoins et Nous déchaînâmes contre eux le torrent qui avait crevé les digues et Nous substituâmes à leurs jardins deux autres plantés d'épineux, de tamaris et de quelques jujubiers. C'est ainsi que Nous les rétribuâmes pour prix de leur mécréance et qui donc est ainsi sanctionné si ce n'est le mécréant ? (Coran, 34 : 15-17)
Dans le Coran, le châtiment qui s'abattit sur le peuple de Saba est désigné par sayl al-`arim, soit "inondation d'Arim". L'expression employée dans le noble livre nous décrit également la façon dont le désastre se produisit. Le mot arim désigne un barrage ou une barrière. L'expression sayl al-`arim décrit l'inondation conséquente à l'effondrement du barrage. Les commentateurs du Coran ont résolu le problème relatif à l'époque et à l'emplacement en se laissant guider par les termes utilisés dans le Coran au sujet du fleuve Arim. Par exemple, Mawdudi a écrit dans son commentaire du Coran :
Le terme arim, qui apparaît dans l'expression sayl al-`arim, est une forme dérivée du vocable arimen, utilisé dans le dialecte de l'Arabie du Sud, et qui signifie "barrage, barrière". Dans les ruines exhumées lors des fouilles menées au Yémen, ce mot semble utilisé fréquemment dans ce sens, dans de nombreuses inscriptions ; par exemple, dans celles qui furent réalisées après la restauration du grand mur de Ma'rib en 542 et 543, sous l'ordre du roi éthiopien Ebrehe (Abraha), qui gouvernait aussi le Yémen, le mot arim est employé à plusieurs reprises pour désigner un barrage, d'où l'expression sayl al-`arim signifiant "inondation désastreuse produite par la rupture d'un barrage". Le verset : "… Nous leur changeâmes leurs deux jardins en deux bosquets aux fruits amers, des tamaris et des jujubiers rabougris" (Coran, 34 : 16), décrit l'état du pays après la catastrophe. Après l'effondrement du mur, tout le territoire fut inondé. Tous les systèmes d'irrigation mis en place par les Sabéens, ainsi que les murs situés au pied des montagnes tombèrent en ruine. Dès lors, alors que la région ressemblait à un vaste jardin, elle se trouva subitement transformée en une véritable jungle. Et il n'y eut dès lors plus de fruits autres que ceux, semblables à des cerises, portés par de petits arbustes.248
Le barrage de Ma'rib, dont on voit ci-dessus et sur le côté les ruines, fut l'un des plus importants ouvrages des Sabéens. L'effondrement du barrage eut pour conséquence l'inondation d'Arim, mentionnée dans le Coran, et l'État Sabéen fut affaibli économiquement et il ne tarda pas à disparaître.
L'archéologue chrétien Werner Keller, auteur de l'ouvrage Und Die Bible Hat Doch Recht (Le livre saint avait raison), reconnut que l'inondation d'Arim s'était produite selon la description du Coran, et il écrivit que l'existence d'un tel barrage et la destruction du pays entier suite à son effondrement prouvent que l'épisode coranique relatif aux gens du jardin a bel et bien eu lieu.249
Après la catastrophe, la région acquit progressivement toutes les caractéristiques d'un désert, et les Sabéens, avec la disparition de leurs terres agricoles, perdirent la source essentielle de leurs revenus. Leurs terres agricoles, qui avaient été une source de prospérité et de pouvoir financier, disparurent. Cette situation fut la conséquence de l'ingratitude de ce peuple envers Dieu et de son refus de croire en Lui. [Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)

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